Il est 7 heures du matin, la réception vient d’ouvrir, je me précipite sur l’ordi pour vous essayer de vous faire partager notre soirée sur la plage de Balistra.
Hier après-midi, j’ai reçu un mail de Nathalie, la maman de Julien, le petit bonhomme qui nous a quitté le 1er juin 2007. Elle me racontait leurs vacances en Corse, les chateaux de sable de Julien et m’envoyait une photo de Julien avec son papa dans son chateau.
Simon qui correspond tous les jours avec elle était à côté de moi et de voir Juju si fier dans son chateau nous a rappelé tous les moments partagés.
J’ai imprimé la photo et le mail de Nathalie. Elle nous demandait de lui faire un immense plaisir, celui de nous plonger les mains dans le sable en regardant le maquis et de fermer les yeux. On s’en souvriendrait encore dans 50 ans m’écrivait-elle. Aujourd’hui je sais qu’elle avait raison!
Balistra, l’eau turquoise, le sable, les rochers derrière lesquels le soleil se couche, la paillote en bois de Gilles et nous, seuls au monde.
Tout le monde s’est rassemblé à l’endroit où nous avions construit nos chateaux et je leur ai d’abord parlé de Julien, de sa famille toujours si présente pour les autres et je leur ai lu le mail de Nathalie.
Julien a été déclaré vainqueur du concours de chateau de sable à l’unanimité et j’ai creusé un trou dans le sable pour que son chateau rejoigne les notres.
Ensuite, chacun s’est tourné en direction du maquis, les mains dans le sable pour un moment de silence, on entendait que les vagues et le bruit du vent.
Ce moment de partage a fait remonter énormément d’émotion chez tout le monde et les larmes ont coulé. Nous étions entre nous, pas de jugement, pas de rôle à jouer, pas de parents qui pourraient s’inquiéter, juste être vrai, être soi-même.
J’ai passé des minutes très intenses avec beaucoup d’entre eux, émue par leur douleur et leur révolte que je partage mais aussi par leur confiance, leur amour des autres et leur soif de vie.
De retour dans la paillote Stéphane nous a adressé qualques mots et nous avons pu commencer notre repas. Certains n’ont pas beaucoup mangé mais les minutes passant, tout le monde a eu envie de faire la fête et Gilles a mis la musique.
Tout le monde, ou presque s’est déhanché sur la piste de danse, une ambiance torride, les uns passant les copains à la mer, plutôt froide à cette heure, les autres dansant sur les tables, de la folie, tout le monde avait besoin de se lâcher.
La nuit déjà bien avancée nous avons pris le chemin du retour pour un repos bien mérité.
Pour moi, impossible de dormir, j’ai passé de longues heures au bord de la piscine partagée entre tout un tas d’émotions.
La tristesse et la révolte tout d’abord, leur douleur encore très présente m’a fait mal aux tripes, et, plus les heures passaient, plus l’énergie me gagnait. L’envie ou plutôt la rage de continuer le chemin avec eux, pour eux, ils sont merveilleux de force, de volonté et d’amour alors tant que mes deux familles, celle de sang et celle de Courir…Ensemble m’aideront à tenir la route, je me battrais pour eux.
MERCI pour ce moment Nathalie, jamais nous n’oublierons la plage de Blistra.
Je vous embrasse fort en vous souhaitant une belle journée.