Cette photo prise au 7ème miles du marathon de Londres le 25 avril 2009 est l’illustration parfaite de ce que le courage et l’amitié permettent de réaliser.
L’histoire de cette photo je tiens à vous la raconter car elle reflète toutes les valeurs chères à Courir…Ensemble.
Pour cela il nous faut remonter en août 2007, un jeudi à midi aux Evaux, à la fin d’une séance de course à pied avec François. Il pleut à verses, nous sommes trempés et pourtant nous n’avons pas envie de nous dire au revoir. Cet entraînement est spécial pour François, le lendemain il doit subir une très importante opération chirurgicale. Depuis quelques semaines, lui le parrain de Courir…Ensemble, se sait atteint d’un cancer.
Dégoulinant et frissonnant, François me fera lui promettre de participer ensemble à un marathon s’il arrive à vaincre la maladie. Bien entendu, j’accepte et nous décidons de nous inscrire pour son marathon préféré, Londres.
Malheureusement, l’année 2008 sera ponctuées de traitements et François ne pourra pas se rendre à Londres comme nous en avions rêvé et c’est sans lui que je me rendrai en Angleterre, pas assez entraînée pour y disputer un marathon complet mais un semi me convaincra de revenir en 2009.
La maladie ne laissera aucun répis à François mais, malgré la souffrance physique et morale, lorsque les cisconstances de la vie seront difficiles pour moi, c’est lui qui me tendra la main, me proposant un travail à ses côtés.
Tous les jours, dans notre bureau, nous échangeons quelques phrases sur ce qui est sa véritable passion, la course à pied. François est un coureur volontaire, dur au mal, une encyclopédie de la course et lorsque la douleur va le contraindre à interrompre ses entraînements, comment encore espérer participer au marathon?
Malgré tout je ne perds pas espoir, et, petit à petit, je l’amène à une solution non pas idéale, il est loin le temps où nous rêvions d’une arrivée main dans la main en 3h45…..mais à une participation tout de même.
Les douleurs l’empêchent de courir et bien nous allons marcher quelques kilomètres, un pied de nez à cette foutue maladie !
Jusqu’au dernier jour, je redoute qu’il ne puisse pas voyager mais c’est avec émotion que nous nous retrouvons à l’aéroport. Nos conjoints nous accompagnent, Etienne et Christian sont là, Florent, Michel et leurs collègues participeront également au marathon.
Durant le voyage, je retrouve mon François passionné de course qui s’anime et partage son énorme expérience de coureur avec Etienne et Christian.
Marie-Lise, sa fidèle épouse est plus inquiète, elle craint peut-être que son coureur de mari ne décide de pousser l’effort trop loin.
Le grand jour arrive enfin. Depuis plusieurs semaines, François essaye de me convaincre de « faire ma course », de ne pas l’attendre. Il me dit souvent que je sacrifie ma performance. Il sait que je me suis beaucoup entraînée et voudrait que je me batte contre mon meilleur temps.
Pour lui le résultat est important, il s’est toujours battu contre le chrono mais il comprend maintenant que l’on peut placer d’autres valeurs au-dessus de la performance et j’arrive à le convaincre que je ne sacrifie rien, bien au contraire.
La seule difficulté pour moi aura été de préparer un marathon sans savoir jusqu’au dernier moment comment allait se dérouler ma course, avec ou sans François et sur quelle distance nous allions marcher.
Le moment que nous partageons tous dans l’herbe de Greenwich avant le départ est rempli de respect pour l’homme, son expérience, son parcours sportif et humain, son combat contre la maladie et son courage au quotidien.
Enfin, le départ, je dois avouer que nous passons la ligne de départ en trottinant mais très vite, je m’arrête pour marcher. Durant 7 miles, soit onze kilomètres nous allons profiter de la fabuleuse ambiance qui règne le long de ce marathon. On parle toujours de New-York mais Londres c’est encore plus fort, du premier au dernier miles une foule compacte, et une organisation exceptionnelle.
Nous tapons dans les mains des enfants, tout est prétexte à nous étonner et nous enthousiasmer. Les miles défilent au son des orchestres et des vivas de la foule, déjà nous arrivons au Cuty Stark. Marie-Lise et Roland nous attendent. C’est à ce moment que la photo souvenir sera prise.
Nous n’avons pas gagné la course, quoique….. nous avons gagné notre course et ce qui est certain c’est que ces 11 kilomètres en compagnie de François feront partie de mes meilleurs souvenirs de course à pied.
Comme je l’ai souvent écrit, le plaisir est tellement plus fort quand il est partagé.
Après avoir quitté François j’ai terminé le marathon en courant pour nous deux, remplie de tout ce que nous avions partagé et, même si mon temps est très loin de mon record, fière de ma course et de pouvoir lui ramener la médaille.
Aujourd’hui, après y avoir cru pendant 18 mois, nous avons réalisé notre rêve, nous avons participé, ensemble, au marathon de Londres en pensant très fort à tous ceux qui se battent contre la maladie.
La force, la foi et le courage de François nous ont permis de tenir notre promesse même si je sais qu’il a parfois été difficile d’accepter de ne pas courir.
Que son exemple nous serve à avancer et à nous battre pour réaliser nos rêves.
En guise de conclusion, je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager le magnifique sms envoyé par ma grande fille juste avant la course.
« Les pieds ne vont pas là où le coeur n’est pas. »
Merci François !