En octobre dernier, à la fin du semi marathon de Lausanne, une question est sur toutes les lèvres: « Quand est-ce qu’on recommence ? »
Regard sur le calendrier, décision rapidement prise, ça sera le semi marathon de Genève au mois de mai 2012.
Nos amis normands reviennent avec leur joelette et nous allons en trouver une deuxième pour pouvoir prendre plus d’enfants.
Après bien des démarches, c’est monsieur Bigey et son association qui nous prêteront le précieux véhicule ce dont je les remercie chaleureusement.
Une équipe de coureurs est rapidement constituée mais il faut obtenir l’accord de l’organisation de la course. Cela va s’avérer difficile de rentrer en relation avec les organisateurs et il me faudra l’aide d’André Buhler, le Président du Tour du Canton et de la Cologny Parcs, pour y parvenir mais une fois le contact établi, tout sera mis en oeuvre pour que nous bénéficions de conditions de course idéales.
Jeudi 3 mai, nous nous retrouvons aux Evaux pour un premier entraînement. Courir en tenant la joelette demande une certaine technique mais le mouvement est rapidement intégré, les passages de relais en courant tout aussi rapidement compris, nous sommes prêts
Samedi 5 mai, repas en commun avec les familles et les coureurs.
Première prise de contact avec la joelette pour nos passagers, choisis par le Professeur Ozsahin.
Alison et Mehdi ont déjà participé au semi de Lausanne, pas de souci pour eux. Ko Myo s’amuse comme un peti fou. Reste notre Mattéo, pour lui c’est moins facile et il trouve que les coureurs vont trop vite. Je me dis que demain il faudra être très attentive à ce petit bonhomme pour que, lui aussi, puisse prendre un maximum de plaisir durant la course.
Dimanche 6 mai. La météo a été annoncée mauvaise et pluvieuse durant toute la semaine mais, comme d’habitude, mes petites étoiles ont bien repoussé les nuages et dimanche matin, il ne pleut pas.
Nous nous retrouvons à Chêne Bourg, près du départ, tous en forme après une bonne nuit.
Mehdi et Ko Myo prendront le premier relais, par précaution nous les équipons d’une protection contre la pluie et c’est parti, direction le sas de départ.
Emmener des enfants sur une course à pied c’est partager avec eux l’ambiance du peloton, les émotions que nous vivons au coeur de la course. L’organisation nous a permis de prendre le départ dans le sas qui correspond à notre temps estimé de 2 heures et ne nous a pas relégué tout à l’arrière de la course nous obligeant à slalomer entre les coureurs bien plus lents que nous.
Et oui, cela peut paraître difficile à imaginer mais nos amis normands terminent leur semi en moins de deux heures avec un adulte dans la joelette, leur record est de 1h45, les spécialistes apprécieront!!!!!
Quant à nos genevois, ils font plutôt bonne figure avec pas moins de 5 finishers du Marathon des Sables, des finishers UTMB, en résumé, une jolie équipe de gazelles aux bras musclés. Alicia et moi nous nous occuperons de faire le passage et d’avertir les coureurs devant nous de notre arrivée afin de perturber le moins possible leur course.
C’est donc à la fin du bloc B que nous attendons le départ dans une ambiance détendue et joyeuse.
C’est parti ! D’entrée de course la joelette genevoise prend un rythme très soutenu à 12km/h sous le regard amusé de nos amis normands qui, en habitués de ce genre d’effort savent bien qu’ils ne tiendront pas longtemps à ce rythme.
Nous avons décidé de faire la course ensemble et nous découvrons ce magnifique parcours sous les applaudissements des spectateurs et le tintement de notre cloche du Marathon des Sables que Ko Myo fait sonner avec toute son énergie débordante.
Les blagues fusent de toute part, entre vaudois, genevois et français, il y a de quoi faire pour le plus grand bonheur de Mehdi qui y répond avec son humour légendaire.
Notre groupe de plus de 15 coureurs récolte beaucoup d’encouragements et nous progressons régulièrement en direction du parc des Eaux-Vives où nous attendent Alison et Mattéo pour embarquer dans les joelettes.
C’est à regret que Mehdi et Ko Myo cèdent leur place, rendez-vous est pris juste avant l’arrivée.
Alison prend la cloche, heureuse et toute excitée à l’idée de pouvoir une nouvelle fois encourager les coureurs. Mattéo s’assied mais ne veut pas quitter son papa.
J’essaie de le rassurer et nous nous mettons en route plus tranquillement pour éviter que les secousses de la joelette soient douloureuses pour son dos. J’avais tort de me faire du souci, dès les premiers mètres, il est enthousiaste, s’amuse de tout, cherche les trams, les bus, adore boire sur la joelette en essayant de ne pas renverser son verre et nous avançons dans la ville au son des encouragements sonores de nos deux passagers.
Nous doublons plusieurs marathoniens qui arrivent au bout de leur course et nous ne manquons pas de les encourager et c’est ainsi que, comme à Lausanne, notre étrange caravane jaune et nos jeunes passagers auront permis à plusieurs coureurs de terminer leur course au son de notre cloche.
Pour moi c’est toujours très émouvant d’entendre après l’arrivée ces coureurs venir remercier les enfants car sans eux ils auraient abandonné.
Le pont du Mont-Blanc est en vue, Mylène la maman d’Alison et Vincent nous rejoignent pour le dernier kilomètre, Mehdi et Ko Myo sont au milieu du pont pour terminer avec nous.
Malgré la largeur du pont, le couloir réservé aux coureurs est étroit et nous devons avancer pour ne pas gêner les coureurs qui terminent mais pour Mehdi l’allure est trop rapide et il s’arrête. Alicia vient m’avertir qu’il n’a pas pu suivre.
Passer l’arrivée sans lui, ce n’est tout simplement pas envisageable alors nous asseyons Alison sur les épaules de Jean-Pierre et la joelette repart en arrière pour aller chercher Mehdi.
Une fois tous réunis nous pouvons terminer sous les applaudissements des familles et de nos amis et recevoir les médailles avant de faire de belles photos comme les champions.
Pour moi, les larmes ne sont pas loin. Je connais Alison, Mattéo, Ko Myo et Mehdi depuis plusieurs années. Nous avons passé de nombreux après-midi à bricoler à partager. J’ai essayé d’être présente lorsque leur quotidien n’était que douleur et souffrance et tous les quatre ont fait preuve d’un courage, d’une force que jamais je ne pourrai décrire par des mots mais qui sont tout simplement gigantesques. Plusieurs fois durant la course je les revoyais cloués sur leur lit d’hôpital et hier, heureux, encourageant les coureurs, quelle belle victoire sur la maladie et le destin.
Une journée comme celle d’hier donne tout son sens à mon engagement et à celui de tous ceux qui m’accompagnent dans cette aventure Courir…Ensemble. Entendre mes amis coureurs rire durant la course, plaisanter avec les enfants, écouter le récit des familles confrontées à la maladie, croiser le regard ému des parents à l’arrivée c’est plus que tout les textes que je pourrai écrire et cela rempli les coeurs d’énergie et de force.
Comme il y a beaucoup trop de monde qui attend pour les douches, l’eau du lac fera très bien l’affaire avant de partager un dernier repas tous ensemble.
Si ce week-end a été une totale réussite, c’est, encore une fois, grâce à la mobilisation de nombreuses énergies et je voudrais remercier chaleureusement:
Nos quatre CHAMPIONS: Alison, Mattéo, Ko Myo et Mehdi ainsi que leurs familles. Votre exemple et vos sourires sont nos meilleurs « dopants ».
Nos amis normands, André, Christophe et Jérôme pour avoir été à l’origine de cette merveilleuse initiative, pour votre amitié, votre fidélité, votre engagement pour nos enfants. Un p’tit coucou à Anthony, coureur à Lausanne, jeune papa depuis peu, qui a été présent par message et que nous serons heureux de retrouver pour de prochaines aventures.
Nos valeureux coureurs: Alicia et Marc, Jean-Pierre, Jean-Marc, Stéphane B, Stéphane Ba, Alvaro, Franck, Marc.
Votre enthousiasme, votre énergie, votre fidélité, votre amitié, j’aimerais tellement que vous sachiez combien tout cela m’est juste indispensable pour continuer la route.
Nos familles et amis, présents tout au long du parcours, la « smala de Vétraz » les Gisel au grand complet sans qui rien ne serait arrivé.
Roland pour toute la logistique avant, pendant et après la course.
Nos photographes, Jo Meynent, Morgane et Franck pour les photos pendant la course.
Et enfin tous ceux qui nous ont facilité l’organisation de cette aventure:
André Buhler pour son coup de pouce du début de l’année.
L’organisation du Marathon de Genève qui nous a accepté et nous a offert les dossards des enfants, et tout spécialement Madame Véronique Joseph pour sa gentillesse.
Monsieur Bigey qui nous a prêté la joelette et Monsieur Tschopp qui est allé nous la récupérer à Lausanne.
Je vous dis à tous et toutes: merci et rendez-vous pour de nouvelles aventures avec la joelette très bientôt !!!!!