Dimanche 21 septembre, Yverdon, 9 heures du matin, une bise glaciale nous transperce et pourtant nous sommes heureux d’être ensemble au départ du premier Fyne Nature Marathon. Un marathon qui relie Yverdon à Neuchâtel en longeant les bords du lac.
Nous sommes trois coureurs François Ginet, Olivier Baldacchino et moi, mais ce qui nous réunit pour cette course particulière dans le coeur de chacun d’entre nous c’est une belle histoire d’amitié et de courage.
François qui, alors que je ne le connaissais pas, a eu cette phrase magique un après-midi d’avril 2006 sur le stade des Evaux. Phrase qui va conditionner toute l’histoire de Courir…Ensemble. François que je n’ai pas revu durant de longs mois et que le hasard a remis sur mon chemin mais que je n’ai pas reconnu. François avec qui s’est créée une amitié sincère, François qui, lui aussi lutte depuis plusieurs mois contre un cancer avec force, espoir et courage.
La veille de son opération chirurgicale, je lui ai fait la promesse de courir le marathon de son choix en 2008. Cela devait être Londres, son préféré.
Malheureusement, en janvier, trois mois avant la course, il fut évident que le marathon était un objectif déraisonnable compte tenu des traitements en cours et de leurs séquelles.
Ma sister Laurette m’avait parlé de cette course nature, un marathon en relais au bord du lac de Neuchâtel alors j’ai proposé à François et à Olivier, notre coach, qui devait être également du voyage à Londres de nous mettre comme objectif cette course qui plairait à François, j’en étais sûre, et puis septembre me paraissait une date suffisamment éloignée pour laisser à François le temps de récupérer.
C’est pourquoi dimanche nous savions tous les trois que cette course n’était pas tout à fait comme les autres et nous étions simplement heureux de pouvoir accompagner François pour son retour à la compétition.
C’est Olivier qui prendra le départ, normalement pour 15km, mais en fait seulement 13km, et qui accompagnera François pour les 17 suivants, je terminerai seule les 12 derniers.
Première édition de la course, pas de navette prévue pour les postes de relais, nous pouvons compter sur Roland et Marie-Lise pour suivre en voiture. Nous arrivons à Concise pour attendre Olivier. Manifestement, les courses au petit matin avec la bise lui conviennent et il réalise un temps canon. A tel point que François ayant décidé de rester au chaud dans la voiture va manquer le relais et sera rejoint par Olivier 1km plus loin, enlèvera son training assis au bord du chemin avant de démarrer sa course……
Avec courage et ténacité il parcourera ses 17km, attaqué par un essaim de frelons et piqué à la tête, le parcours étant mal signalé, fera des détours, bref pas vraiment une course de tout repos……
A Cortaillod c’est moi qui démarre et je veux essayer de faire de mon mieux compte tenu de ma douleur à la cuisse qui me rappelle que je ne dois pas essayer d’imiter Bolt lorsque je suis sur la piste….De nature cette course n’en a pas seulement le nom, je passe au milieu d’un bois avec de grosses racines, dans des champs, des graviers au bord de l’eau sur lesquels je patine, de la terre, de l’herbe et enfin les quais de Neuchâtel avec une bise infernale de face durant 12km et la tête qui fait mal. Arrivée au 5ème km il y a un ravitaillement et j’ai des hallucinations auditives, je crois reconnaître mon ami Marc et son accent vaudois, mais non impossible, on est à Neuchâtel, et tout à coup je vois des trainings jaunes, ils sont là toute la famille Foucart est venue et m’encourage de toutes ses forces.
Tant pis pour le temps, je m’arrête, je les embrasse ça fait trop de bien. Et surtout j’étreints Alicia à qui on vient de diagnostiquer une fracture de fatigue au pied, juste un mois avant son marathon et qui est là devant moi et m’encourage, merci à tous les quatre pour ce merveilleux cadeau.
Ils m’ont donné de la force pour la deuxième moitié que je parcourerai plus rapidement que la première, enfin un negative split……
L’arrivée à Neuchâtel est magnifique au stade de la Maladière et nous obtenons, grâce à notre bolide Olivier, une magnifique 13ème place sur 60 relais dans notre catégorie.
A Cortaillod j’ai vu passer mon amie Sybille, la reine du triathlon qui courait son premier marathon, je la cherche et elle arrive en m’annonçant qu’elle est deuxième femme en 3h15 !!!!!! Je n’ose pas imaginer combien elle est capable de réaliser sur un marathon plat…..
Julien Gantenbein courait également le marathon mais après un départ trop rapide, il payera cash ses efforts et aura une fin de course difficile. Il m’apparaît encore plus marqué qu’après les 100km de Bienne!
Le froid nous a empêché de profiter de la fête en plein air mais nous sommes tous rentrés avec du bonheur plein de coeur et prêt à relever un autre défi puisque François rêve du marathon de Londres et que nous sommes inscrits pour le 26 avril 2009.
Pour lui le combat continue mais il sait qu’il peut compter sur ses amisde la course pour l’accompagner et le soutenir dans cette épreuve et, comme nous l’avons encore une fois vécu dimanche, le sport est tellement plus enrichissant lorsqu’il est partagé.
Merci à tous les deux et rendez-vous pour d’autres relais, d’autres défis, d’autres aventures.