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Marathon de Rotterdam

By avril 17, 2007juin 17th, 2021Courir ...

Vendredi 13 avril….a-t-on idée de voyager un vendredi 13….les pompiers de l’aéroport de Bruxelles étant en grève, nous passons la matinée à l’aéroport à tuer le temps. Décidément, le voyage commence bien…..
A 11 heures, convaincus que nous ne pourrions pas partir en avion, nous décidons de prendre le TGV jusqu’à Paris et de faire Paris-Rotterdam en Thalys.
Nous voilà partis pour 9 heures de train. Pour ma hanche, je sais que la position assise n’est pas la meilleure et je redoute ce voyage mais nous n’avons pas le choix….

Arrivés à Rotterdam dans la soirée, nous nous rendons à l’hôtel pour une bonne nuit de repos.

Le lendemain matin nous allons chercher nos dossards et déjà les premières infos météo nous prédisent une chaleur anormale pour la saison.
Au réveil ma hanche est douloureuse et je prends mon dossard pour la course des 10km, persuadée que le marathon ne sera pas pour moi…
Nous partons ensuite pour un footing et nous allons voir la plus grande difficulté du parcours, le pont que nous passons juste après le départ et au 27ème km.
Après New-York, ce pont ne m’affole pas, ce sont plutôt mes sensations qui m’inquiètent, elles ne sont pas bonnes….ce samedi est vraiment un jour sans….

Après une discussion avec Olivier, je décide de prendre quand même le départ du marathon et de m’arrêter si ça ne va pas.

A deux heures, alors que mes compagnons vont manger, je décide d’aller me coucher et je m’endors jusqu’à 18 heures.

Les restaurants italiens n’étant pas nombreux à Rotterdam, nous faisons cuire des spaghettis à l’hôtel et nous les mangeons sur une petite terrasse. La chaleur commence sérieusement à nous inquiéter. Nous prenons conscience que ce sera notre pire adversaire le lendemain.

Après une bonne nuit de repos, c’est enfin le jour J et au réveil, bonne surprise, ma hanche ne me fait plus mal….

Nous sortons pour une petite balade à 7 heures et il fait bon, nous ne mesurons pas ce que nous allons devoir affronter….
Après une reconnaissance de la zone de départ pour trouver l’entrée des sas , nous allons prendre notre petit déjeuner.

Les gâteaux sport sont engloutis avec une nette préférence pour le poire-cannelle-nougatine qui disparaît en quelques minutes.
Je mange de bon appétit ce qui est relativement étonnant pour un matin de marathon.

Le temps de nous préparer, Olivier Marchon me faisant de superbes pansements protecteurs sur mes ampoules qui me laisseront tranquilles sur toute la course, un grand merci….et c’est le moment de partir.

Les sas de départ étant reservés à l’élite, nous savons que nous serons tous mélangés.
David qui vise un chrono en-dessous des 3 heures veut bien se placer et moi je redoute de devoir gérer un retard pris durant les premiers kilomètres et nous décidons de nous positionner devant.
Nous quittons Olivier et Julien en leur souhaitant tout le meilleur et nous rentrons dans le sas. Nous nous plaçons près de la ligne et je décide d’aller une dernière fois aux toilettes. Tout à coup j’entend un grand coup frappé dans la porte….je sors et je vois tout le monde avancer, moment de panique car David a ma casquette, ma bouteille d’eau, mon ampoule de magnésium et mon gel….mais je l’entend qui m’appelle les bras chargés et nous pouvons nous replacer près de la ligne, c’était juste une avancée vers le départ.

11 heures, ça y est, le coup de canon, je réalise que tous ces mois de bagarre avec ma hanche trouvent leur récompense dans ce départ mais pas le temps de trop réfléchir, j’avance et mon expérience New-Yorkaise du dépassement va m’être très utile, je me faufile et par deux fois David va me dépasser ne comprenant pas très bien comment j’avance plus vite que lui.

Je passe le premier kilomètre en 4’40 alors que mes temps prévus sont en 5’30….je me sens super bien et je vais ralentir progressivement pour me caler sur mon allure prévue mais je n’y arriverai qu’au 7ème kilomètre.

Il fait déjà très chaud et je cours avec ma bouteille d’eau dans la main, m’arrosant la nuque, la tête et le visage réguliérement. Jeudi après-midi je suis allée m’acheter une casquette de course et ça va me sauver dans les heures qui suivent.

Le parcours est très agréable, roulant, on est pas gêné par les autres coureurs et le public est nombreux et nous encourage.
Je reste très concentrée, penser à ne pas aller trop vite, à ne pas rater un ravitaillement, prendre mes gels, me mouiller régulièrement, tous ces détails qu’Olivier avait organisé pour moi à New-York et que cette fois je suis seule à gérer. Tout se passe bien sur les premiers kilomètres, ma hanche ne me fais absolument pas mal et je décide de ne plus y penser….en plus, mes sensations sont bonnes, ça fait très longtemps que je n’ai pas ressenti une telle facilité en course, je commence à penser que cette journée sera particulière, mais je me calme très vite, je ne suis qu’au début du parcours….

En même temps que ma course, je vis celle des garçons, cette préparation est celle d’une vraie bande d’amis et très souvent je vais me demander comment ça se passe pour eux, convaincue que leur plus gros soucis va être la chaleur mais je reste positive, j’y crois tellement.

Je passe le semi avec 5 minutes d’avance sur mon meilleur temps et je suis sur les bases de 3heures50, j’aurais même jusqu’à 3 minutes d’avance sur mon temps prévu….

Mais, dès le 24ème kilomètres, je me rend compte que la chaleur, il fait 28 degrès…..va être mon plus grand défi.
Je perds du temps à chaque kilomètre et mon corps devient plus lourd, la légèreté des premiers kilomètres fait lentement place à un engourdissement mais je ne ressens aucune douleur.

J’arrive au trentième sans trop de soucis à part à un ravitaillement oû je dois m’arrêter 1 minute car je m’étrangle en voulant boire….
Nous avons dépassé les 2heures 30 et je suis contente car pour Julien c’est fini et Olivier Marchon doit être en vue de l’arrivée….La suite me donnera malheureusement tort….
Olivier Baldacchino qui a accompagné Julien me rejoint et ma première question est de savoir si l’objectif des 2h30 est atteint. Olivier me dit que Julien a terminé en 2h30 et des poussières et qu’avec cette chaleur c’est inespéré et qu’Olivier Marchon est juste derrière.
Cette nouvelle m’encourage et je repars pour les dix derniers, je ne connaîtrais pas le fameux mur du trentième et je continue, bien que de plus en plus marquée par la chaleur. Je calcule mes temps avec plus de lenteur et de temps en temps j’ai l’impression que les coureurs devant moi dansent….

Au 32ème, nous rentrons dans un parc et trouvons enfin un peu d’ombre, cela fait 5 kilomètres que nous courons dans la ville sans un mètre d’ombre et autour de moi, de plus en plus de coureurs marchent. Déjà au 10ème kilomètre des gens marchaient et, alors qu’à New-York, tellement concentrée sur ma course je n’avais pas vu ce qui se passait autour de moi, là je remarque que les gens souffrent et j’entend souvent les sirènes des ambulances.

Durant toute la course, je serai étonnée du peu de dames qui participent, il n’y aura que des hommes autour de moi.
Nous croisons David qui en est au 38ème et qui devrait terminer dans un excellent chrono. Je me dis que cette journée va être vraiment belle…..et ça me donne du courage.

Alors que nous approchons de la sortie du parc, au 38ème, je ne comprend pas ce qui se passe, tout le monde marche, nous ne sommes que quelques uns à courir? Olivier m’annonce que la course a été arrêtée un peu derrière nous et moi je comprends que le chrono a été stoppé et que je n’aurais pas de temps, alors ça pas question, j’ai pas couru 38 kilomètres par 28 degrés pour ne pas avoir de temps….Olivier me rassure, le chrono continue de tourner, pas de soucis pour moi.
Je ne comprends pas pourquoi les coureurs arrêtés marchent au milieu de la route, rendant notre avancée difficile, il faut slalomer et se faufiler, alors je commence à crier et à m’énerver pour passer, cela me donnera un coup de fouet car je commence à souffrir terriblement du chaud.

J’ai besoin de plus en plus souvent de m’asperger et la visière de ma casquette dégouline d’eau ce qui ne donne un look original…Je n’ai pas de douleur articulaire comme à New-York mais mon corps est lourd de chaleur et de fatigue.

Jamais je n’ai couru par des températures si élevées cette année et c’est vraiment l’enfer….

Je prends mon dernier gel en avance car j’ai besoin d’un coup de fouet et je me motive pour les derniers kilomètres car je sais que si je ne craque pas, je vais descendre au-dessous des 4 heures et c’est vraiment un rêve de faire un tel chrono dans de telles conditions.

Petit à petit, je garde mon rythme et l’arrivée approche enfin. Je suis dans le brouillard mais je trouve la force d’accélérer encore. Je ne rends pas compte que je suis au bout des mes limites puisque dès la ligne franchie, je tombe dans les bras d’Olivier, perdant connaissance durant une dizaine de secondes….Je reprendrai mes esprits couchée sur une civière, ne comprenant pas bien ce que je fais là et assurant aux secouristes que tout va bien.
Olivier me conseillera sagement de rester couchée et d’ailleurs je n’arrive pas à m’asseoir…..Ma température est de 39 degrés et j’ai vraiment la tête qui tourne chaque fois que je veux me lever.
Mais je suis heureuse, 3 heures 55 minutes 9 secondes, qui aurait misé sur un temps pareil dans de telles conditions?
Et surtout sans aucune douleur…je repense à mon ostéo, Yves qui m’avait fait promettre de stopper si je boîtais…

Malheureusement, Olivier va devoir me dire qu’il m’a menti sur les temps de Julien qui n’a pas réussi son objectif et qu’Olivier Marchon a abondonné….J’ai un gros coup au moral mais je comprends que s’il m’avait dit la vérité en course cela m’aurait achevé.

J’en ai vraiment gros sur le coeur, cette préparation nous l’avons faite ensemble et c’était très important pour moi que les garçons puissent donner le meilleur d’eux-même et les conditions météo ne l’ont pas rendu possible….

Olivier me rassure, ils vont retenter le coup à Genève dans trois semaines.

Je réussi à me relever et nous les rejoignons à l’hôtel. Ils sont super content pour moi et, déjà, nous sommes tous fixés sur le 6 mai à Genève.

Après un retour sans soucis je retrouve ma famille et surtout mon lit après une journée incroyable.

Mes orteils ont énormément soufferts de la chaleur dans les baskets et j’ai beaucoup de peine à marcher mais à part ça je vais bien.

J’apprendrais que sur 11’000 coureurs au départ il n’y aura que 4’300 classés, que je finirai 21ème dans ma catégorie d’âge et 1417 au général. David terminera 105ème au général et 14ème de sa catégorie, une performance incroyable pour un premier marathon, chapeau à toi David et merci pour le super moment que nous avons passé au départ.

Aujourd’hui je me remets gentiment et j’attend le 6 mai avec impatience pour être là avec Julien et Olivier, pour terminer cette aventure de six mois tous ensemble. Ce jour là seulement, je fêterais mon marathon.

En terminant ce récit, j’ai une pensée pour tous ceux qui m’ont accompagné dans cette préparation douloureuse, ma famille, mon équipe médicale, le Dr Sayegh, Yves Marinoni et Franck Cocimano, mes amis de la course, Vanessa, Fred, Mick, Barbara, David, la grande famille de Courir….Ensemble, George à qui je dédie ma course, Léo, et bien sûr ma formidable bande d’amis, les deux Olivier et Julien.

Le marathon est une épreuve exigeante avec laquelle on ne peut pas tricher, les enfants m’ont donné une nouvelle fois la force d’aller au bout de moi-même et je ressors de cette aventure motivée et pleine de ressources pour encore et toujours améliorer leur quotidien.

Merci à tous et rendez-vous le 6 mai dans les rues de Genève pour encourager tous les maillots jaunes de Courir…Ensemble.